Darwin a avancé une thèse fondamentale en développant sa théorie: "Le développement des êtres vivants dépend d'une lutte pour la survie. Cette lutte sera remportée par le plus fort et les faibles seront condamnés à la défaite et à l'extinction". Selon Darwin, la nature est le siège d'un combat impitoyable pour la survie, elle est le siège d'un conflit éternel. Le fort surpasse toujours le faible et cela rend possible le développement des espèces. Le sous-titre qu'il a donné à son livre The Origin of Species, résume clairement ce point de vue: "L'origine des espèces au moyen de la sélection naturelle, ou la conservation des races favorisées dans la lutte pour la survie".
En outre, Darwin a prétendu que "le combat pour la survie" pouvait s'appliquer aux groupes raciaux humains. Selon cette affirmation, "les races favorisées" sortiraient victorieuses de cette lutte. Cette race favorisée était, d'après Darwin, celle des Européens blancs. Les races africaines ou asiatiques, elles, seraient restées en arrière dans le combat pour la survie. Mais Darwin est allé encore plus loin et a prétendu que ces races perdraient bientôt complètement le combat pour la survie et disparaîtraient:
Dans une période future, pas aussi distante que des siècles, les races humaines civilisées vont certainement exterminer et remplacer les races sauvages dans le monde entier. Les singes anthropomorphes seront alors sans doute aussi exterminés. La rupture entre l'homme et ses alliés les plus proches sera alors plus grande. Elle séparera les hommes civilisés (encore plus civilisés que le Caucasien, nous l'espérons) des singes comme le babouin, plutôt que de séparer, comme aujourd'hui, le nègre ou l'Australien du gorille.1
L'anthropologiste indienne Lalita Vidyarthi indique comment la théorie de l'évolution de Darwin a entraîné le fait que le racisme a été accepté en tant que concept par les sciences sociales:
La théorie de la survie des mieux adaptés a été chaleureusement accueillie par les savants des sciences sociales de l'époque. Ils ont accepté l'idée que l'humanité ait traversé divers stades d'évolution dont le point culminant est la civilisation des blancs actuelle. Dans la deuxième moitié du 19ème siècle, le racisme a été accepté comme un fait par une grande majorité des scientifiques occidentaux. 2
1. Charles Darwin, The Descent of Man, 2ème édition, New York, A L. Burt Co., 1874, p. 178
2. Lalita Prasad Vidyarthi, Racism, Science and Pseudo-Science, Unesco, France, Vendôme, 1983. p. 54